Le projet Biotech de la société immobilière BVI.EU au Champ de la Bawette, sur un terrain de 17 Hectares vendu par la Ville de Wavre rencontre une forte opposition des Wavriens. En témoigne l’interpellation citoyenne qui a été faite au Conseil communal du 28 novembre par Pierre Moreels. Interpellation qui a donné lieu à une réplique d’une étonnante dureté de la part de la bourgmestre. Nous reproduisons ici le texte de l’intervention et le lien permettant de visionner la séance.

Madame la Bourgmestre,
Mesdames et Messieurs Les Échevins,
Mesdames et Messieurs Les Conseillers Communaux,

Lors du Conseil Communal du 23 novembre 2021, vous avez approuvé au point 16, par 20 voix Pour et 7 voix Contre, le compromis de vente du terrain du Champ de la Bawette, moyennant les obligations suivantes qui incombent au Développeur du projet (NDLR : lire le point S.P.16) : https://www.wavre.be/sites/wavre/files/2021-12/PV%20CC%2023%20novembre%202021.pdf

Il y a 13 obligations qui sont énumérées dans ce compromis de vente, mais nous avons choisi d’en développer 4.

1. Obligation a)

« Le Terrain est destiné à former un espace tampon entre le site industriel situé au nord et la zone du parc du Château de la Bawette, dont la qualité paysagère doit être protégée. C’est la raison pour laquelle l’implantation d’industrie lourde ou polluante de même que les activités de logistiques sont strictement interdites à cet endroit. »

Ce que l’on constate :

 Pour l’espace Tampon :
Normalement, il s’agissait de créer cette zone afin d’isoler les activités industrielles de la Noire Epine (GSK) avec les activités du Parc des Collines, ce dernier correspond essentiellement à du Bureau. Dans le projet de BVI, il n’est nullement question de cette zone tampon, au contraire, il est même prévu de prolonger cette zone industrielle au Sud du terrain en y ajoutant des bâtiments semi-industriels au Pôle Entreprise.

Si vraiment, cette zone était tampon, il n’y aurait aucun accès du site sur la Chaussée de Bruxelles. Or le développeur prévoit d’ajouter 2 accès en pente sur la Chaussée de Bruxelles (Nord et Sud) pour y faire accéder les camions. Ces deux nouvelles routes auront un impact évident sur la fluidité et la sécurité du trafic de la Chaussée de Bruxelles.
Par ailleurs, il n’y a aucune entreprise dans tout le zoning qui a un accès direct à cette chaussée actuellement, tous les accès ayant lieu sur la Chaussée des Collines.

Ces 2 accès Nord et Sud sur la Chaussée de Bruxelles, vont demander d’importants travaux d’aménagement. Il est en effet prévu d’élargir ce tronçon en supprimant le trottoir du côté du parc des Collines. C-à-d que les piétons qui envisagent d’emprunter la Chaussée de Bruxelles à cet endroit, devront la traverser, longer le site du Pôle Entreprise en franchissant à deux reprises les voies d’accès Sud et Nord, puis ensuite retraverser la Chaussée.

 Pour la qualité paysagère :
Peut-on vraiment parler de préserver les qualités paysagères du site, alors que le projet prévoit de construire de vastes entrepôts de 140 m de longueur et de 13 m de hauteur ainsi qu’un immeuble de bureaux de 6 niveaux, le long de la Chaussée de Bruxelles. Ces immeubles sont démesurés en comparaison des gabarits des immeubles du Parc des Collines.

Évalue-t-on bien l’impact visuel que cela va engendrer du côté des habitations de la Chaussée de Bruxelles, avec un entrepôt dont la corniche sera à 24 m au-dessus du niveau de la Chaussée, et avec l’immeuble de bureaux qui aura sa toiture à 26 m au-dessus du niveau de l’entrée de la future voie d’accès ?
Ces immeubles ne seront pas cachés par le cordon boisé existant, puisqu’on y prévoit d’abattre la majorité des arbres du talus pour réaliser des parkings et des aires de manœuvre pour les entrepôts.

 Pour les Entrepôts logistiques :
Ils sont strictement interdits dans cette zone, or on prévoit la construction de 30.000 m2 d’entrepôts dans le Pôle Entreprise, avec un nombre impressionnant de 92 portes sectionnelles pour permettre l’accès aux camions.

2. Obligation e)

« Les arbres actuellement présents devront être intégrés dans l’aménagement global du site et seront préservés au maximum. Les arbres qui devront malgré tout être abattus devront être remplacés par des nouvelles plantations d’essences comparables ou indigènes à un autre endroit du Terrain. »

Ce que l’on constate :

Hormis dans la zone longeant le golf, aucun arbre ne sera préservé sur le site, on parle d’abattre 194 arbres ! Et même si le promoteur BVI prévoit d’en replanter l’équivalent, ces arbrisseaux mettront des années à repousser pour remplir leur rôle de puit de carbone.

Les conséquences sur les engagements de la ville de Wavre à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40% pour 2030, sont désastreuses pour notre commune.
Avec les problèmes d’inondation que l’on connaît déjà, le projet va modifier considérablement les surfaces perméables actuelles. En effet, sur les 17 hectares du terrain, l’on prévoit que 50% de ces terres seront imperméabilisés. C’est ainsi que toutes nos ressources forestières qui contribuent à lutter contre les changements climatiques et contre les risques d’inondation sont abandonnées.

3. Obligation h)

« Le projet d’aménagement veillera à contribuer à la mobilité durable au site (diminuer l’impact sur l’environnement des moyens de transports utilisés). Cela pourra se faire notamment par la création, encollaboration avec la Ville, d’un point Mob. L’aménagement du Terrain permettra la perméabilité des modes de déplacement doux de la chaussée de Bruxelles à la Chaussée des Collines (piste cyclable traversant leTerrain par exemple). »

Ce que l’on constate :

D’après l’étude d’incidences, la mobilité douce pour accéder au site ne représenterait qu’à peine 6 % detous les déplacements.
La part de la voiture devrait donc rester prédominante dans le projet, on l’évalue à 90 % des déplacements.
Le projet BVI va en effet entraîner d’important mouvements de véhicules supplémentaires dont il faudratenir compte en même temps que d’autres développements en cours et futurs : Codic, le Champ Ste-Anne,le bâtiment provincial, Chample,… Soit quelque 12.000 déplacements en plus de voitures chaque jour. Cette circulation supplémentaire ne s’évalue donc pas seulement au nombre de parkings prévus par BVI.

4. Obligation i) : Conclusion et Questions

« Les présentes obligtations constituent des conditions essentielles de la vente. En cas de manquements significatifs de l’Acquéreur, du Tiers développeur ou des acquéreurs successifs de tout ou partie du Terrain aux obligations qui précèdent, la Ville se réserve le droit de racheter le Terrain ou la partie de Terrain concernée où le manquement est localisé, après mise en demeure restée infructueuse pendant plus de 30 Jours suivant sa réception par son destinataire. »

Après avoir énuméré un certain nombre de manquements constatés de la part du promoteur par rapport aux obligations que vous aviez majoritairement approuvé lors du Conseil communal du 23 novembre 2021, nous nous permettons de vous poser les questions suivantes :

1) Avez-vous autorisé le promoteur à déroger à ces nombreuses obligations ?
2) Comptez-vous mettre en demeure le promoteur ou tout au moins lui faire rappeler ses
engagements ? Comptez-vous racheter les terrains ?
3) N’avez-vous jamais envisagé de garder la main sur le projet, par exemple, en projetant de réaliser un SOL (Schéma d’Orientation Local). Ce qui permettrait d’avoir une vue globale des aménagements futurs du site et d’obliger le promoteur à respecter ses obligations ?

L’enregistrement de la séance du Conseil communal et, donc, la réponse de la Bourgmestre est disponible ici.

Suivit une réplique de Pierre Moreels en guise d’intervention finale, que nous reproduisons ci-dessous.

C’est tout le contraire d’un projet préservant le site que vous défendez.

Vous avez renoncé à toutes les exigences votées en 2021 en cédant le terrain en gré à gré, sans appel d’offres, à un promoteur spécialisé en entrepôts et en le laissant développer un projet purement spéculatif, sans utilisateur identifié, hormis la boîte de nuit « Domaine du blé ».

L’appellation fourre-tout « Biotech » du projet est de la poudre aux yeux pour permettre d’abattre 194 arbres, de construire d’immenses parkings à ciel ouvert, des bureaux, 30.000 m2 d’entrepôts logistiques, un monstrueux projet de « boîtes à chaussures », sans harmonie aucune avec le Parc des Collines et, plus grave encore, créer deux nouvelles routes d’accès à la chaussée de Bruxelles dans une partie en pente très dangereuse et où un piéton a été écrasé en octobre dernier.

Il est d’ailleurs aberrant que la plus grande densité des constructions avec leurs immenses entrepôts et la tour de bureaux se trouve, comme par provocation, du côté des habitations en face du projet.

Et avec les 4.000 mouvements de voitures et de camions en plus chaque jour générés par ce seul projet BVI, ce seront le bruit, la pollution, l’enfer pour tous les habitants de la chaussée de Bruxelles, mais aussi d’une très grande partie de la Ville dont le centre de plus en plus inaccessible continuera à dépérir.

Ce projet n’apportera aucune plus-value aux Wavriens, mais dégradera leur cadre de vie.

NON à ce projet disproportionné qui ne respecte pas notre environnement, porte gravement atteinte à notre qualité de vie et ne nous respecte pas en tant qu’habitants.