Le contournement Nord de Wavre est un exemple très emblématique de la manière dont certains politiciens ont très opportunément verdi leur image depuis les élections communales de 2018... et font tout le contraire quand il s’agit de passer aux actes. Ils ont une notion très personnelle de l’éthique en politique.

Opinion.

Prenons Paul Brasseur, échevin de la Mobilité à Wavre, ardent défenseur du projet. Dans son auto-portrait sur le site de la Ville, on peut lire qu’il veut : "Faire de Wavre une ville en phase avec son temps, orientée vers le développement durable et la protection de l’environnement répond à une nécessité planétaire. Nous devons tous faire notre part du travail si nous voulons laisser une planète viable à nos enfants."

Paul Brasseur est une lumière de la politique. Car pour faire tout cela, il est un fervent supporter du contournement Nord qui, bien sûr, c’est évident, protègera l’Environnement en coupant des arbres, tuant la biodiversité, et a toutes les chances de laisser une planète viable à ses enfants grâce à l’augmentation du trafic automobile. C’est effectivement d’une cohérence imparable.

Côté Nathalie Smoes, la fonctionnaire déléguée du Brabant wallon qui a accordé le permis au Service public de Wallonie (SPW), dans le portrait qui lui est consacré sur le site de la Nouvelle Alliance Pluraliste MR, on lit ceci : "Sa vision de l’intérêt collectif d’un cadre de vie de qualité répond aux attentes des habitants. Elle est sensible au bien-être animal, à la culture et à la beauté des lieux et des paysages."

Ah oui ? Autoriser un permis qui va détruire des hectares de nature, déséquilibrer totalement un biotope et dévaster l’un des derniers sites d’intérêt paysager de notre région va dans le sens d’un cadre de vie de qualité ?
Et l’intérêt collectif, tiens ? En lisant la presse, on découvre qu’elle a probablement accordé ce permis dès son entrée récente en fonction, sans concertation avec les associations opposantes. Belle leçon de démocratie qu’elle donne à ses cinq enfants qui seront bien sûr tout heureux de ce qu’elle fait subir "à la beauté des lieux et des paysages" qu’elle est censée leur léguer !

Quant à Willy Borsus qui, à peine assis sur le siège du ministre de l’Aménagement du Territoire, a octroyé le permis d’urbanisme pour les travaux (et sans prendre, bien évidemment, une micro-seconde pour consulter les douze associations d’opposition — l’opposition, on n’aime pas trop ça au MR), on ne peut s’empêcher de douter de son honnêteté intellectuelle lorsqu’on lit sur le site du MR (où il tape allègrement sur Ecolo) que le gouvernement précédent a été "le plus vert de l’Histoire de la Région wallonne". Lui qui a tout fait pour être au pouvoir en poussant le MR au mariage avec Ecolo afin de profiter des miettes de son succès électoral, commence par un coup de poignard dans le dos en prenant une toute première décision qui va exactement à l’opposé de ce qu’on peut attendre d’un "Gouvernement vert".
Plus cynique encore : Willy Borsus qui, en autorisant le contournement de Wavre, va bétonner et bitumer des dizaines d’hectares de champs, se présente comme le sauveur de l’agriculture wallonne, pour qui il dit avoir "une tendresse et une affection particulières". "Cynique" est bien le mot qui convient.

Paul Brasseur, Nathalie Smoes, Willy Borsus : trois personnalités qui veulent tellement se verdir qu’elles en deviennent une sorte de caricature de Hulk en politique. A la différence près que Hulk œuvrait pour le bien de l’Humanité, alors qu’ici, on assiste bien au contraire à un acte nuisible pour la génération présente et les générations futures.

A lire aussi :
Contournement Nord de Wavre : c’est notre patrimoine naturel qu’on assassine.