Qu’il est difficile de trouver des mots lorsqu’on est assommé par l’horreur des images ! Pendant des heures, nous avons suivi en direct, par la télévision, par les réseaux sociaux, cette nouvelle abomination qui a frappé encore Paris ce 13 novembre 2015.

Paris, certains d’entre vous y habitent. Ou y ont des amis ou des connaissances. Ou ont dans leur bibliothèque des albums d’auteurs parisiens. Ou pas. Qu’importe ! Comment ne pas se sentir proches de la douleur de toutes les victimes et de leurs familles et amis, qu’on les connaisse ou non ?

Face à tant de folie, nous nous sentons très impuissants, nous, simples amuseurs, auteurs comme éditeurs, dont le métier est avant tout de rendre plus rose un monde qui ne l’est pas toujours. Et ce qui s’est passé ce 13 novembre ne va pas nous simplifier la tâche ! C’est de l’encre noire qui a envahi aujourd’hui nos palettes de couleurs. Provisoirement. Car c’est le propre de la créativité de se régénérer, quoi qu’il arrive.

La preuve ! Pour "Le Monde", le merveilleux Plantu a réalisé ce magnifique dessin que nous nous sommes permis d’emprunter. La Tour Eiffel projette la lumière de notre civilisation, de notre culture, de notre mode de vie — et ces valeurs ne sont pas spécifiques à la France, même si c’est elle qui est frappée aujourd’hui, elles sont universelles — sur les écrans de l’obscurantisme, du nihilisme, de la bêtise inhumaine. La bêtise de pervers psychopathes tellement cons qu’ils imaginent gagner une place dans un paradis, inexistant hormis dans leur cerveau malade, en massacrant des gens qui ont le simple défaut de ne pas penser comme eux. Les imbéciles... Les sinistres imbéciles !

Mais, voilà, le monde est ainsi fait. D’un côté, en immense majorité, des gens qui ont envie de rire, de vivre, de boire, de manger de bonnes choses, d’écouter de la musique, de faire l’amour, de danser... et de l’autre, une infime minorité de malades mentaux qui ont fait de la haine et de la mort leurs iniques et délétères valeurs. Nous avons choisi notre camp. Nous continuerons à rire, à vivre, à boire (et, oui, du bon vin, du Mojito, de la bonne bière, de bons vieux alcools), à manger de bonnes choses (et, oui, du jambon et des cochonnailles), à écouter de la musique, à faire l’amour, à danser... Et ils perdront inévitablement cette guerre qu’ils ont déclenchée, car ils l’ont faite contre une chose que, dans leur idéologie sinistre et déprimante, ils ne pourront jamais détruire : la pulsion de vie. La joie de vivre. Le bonheur de vivre.

Je tiens, sincèrement, profondément, au nom de notre équipe, à faire part de notre soutien et de notre tristesse aux victimes et à leurs proches. Nous pensons à eux. Nous sommes avec eux. Nous sommes solidaires. Car, même si c’est un cliché, même si ça a un côté carte postale pour touristes vite satisfaits d’imagerie simplistes, Paris symbolise depuis longtemps ce bonheur de vivre auquel nous tenons tous. Et, connaissant la détermination des Parisiens, malgré l’horreur de ce qui vient de se dérouler, ils le retrouveront vite.

Dessin : Plantu (Le Monde)

Ps : Nos pensées vont également à toutes les victimes musulmanes (ou non) qui, au quotidien, vivent ces horreurs en Syrie et dans bien d’autres pays où sévissent les psychopathes djihadistes.

Par Patrick Pinchart

Patrick Pinchart a travaillé toute sa vie dans la communication. Animateur à la RTBF, rédacteur en chef de Spirou à deux reprises, éditeur de bande dessinée, agent pour auteurs (BD, littérature...), correcteur, éditorialiste polémiste, il a de multiples autres collaborations : militant pour Amnesty International, Ecolo, Greenpeace, le WWF. Entre autres... Il s’exprime ici en son nom propre et en aucun cas au nom de ces différentes organisations. Il est également brasseur, fondateur de la brasserie HOPposition.