Une photo publiée sur la page Facebook "Pour les Wavriens et les Wavriennes" a provoqué l’étonnement : ce que les actionnaires du gestionnaire privé des zones de parking à Wavre ("The place to Park"), Streeteo, nomment "redevance", terme plus moderne pour eux, plus hype que le ringard "amende", était apposé sur un vélo parqué sur la voie publique. Une nouvelle ère s’ouvre pour les personnes qui s’arrêtent à Wavre : tout arrêt sera désormais "redevancisé" (sic) par Streeteo.

On peut lire dans le procès-verbal du dernier conseil d’administration de la société Streeteo que "considérant qu’il est inadmissible qu’un "deux roues" qui a été déposé sur la voie publique par son propriétaire, et qui n’est donc rien d’autre qu’un véhicule utilisateur de l’espace de parking qui est de la jouissance exclusive de Streeteo selon le contrat signé avec la Ville de Wavre, puisse se garer gratuitement et provoque ainsi de facto un préjudice financier pour nos actionnaires, il est demandé au Collège communal (qui n’a pas intérêt à dire non) qu’il ajoute un avenant à son contrat autorisant la saisie de tout véhicule à deux roues stationnant sur le territoire de la commune sans ticket de stationnement. Cela concerne les vélos, trottinettes, mobylettes, scooters, motos y compris les rollers à deux roues et, par dérogation, les tricycles pour enfants" (Extrait du Procès-Verbal du Conseil d’Administration du 1er avril 2022).

Le procès-verbal précise ensuite ce qui attend les propriétaires qui ont eu le malheur de s’arrêter quelques minutes : "Les véhicules saisis pourront être récupérés au bureau de Streeteo, 23 rue de Nivelles, contre la somme de 35 euros plus 5 euros par heure de garde entamée avec un forfait de 100 euros par journée calendrier. Tout véhicule non réclamé dans les 5 jours sera revendu et le prix de la vente servira à équiper les agents de Streeteo de patins à roulettes afin de tripler leur vitesse de redevancisation."

Selon nos sources, Streeteo va prochainement demander au Collège communal un avenant concernant la verbalisation des piétons qui occupent l’espace public plus longtemps que le quart d’heure gratuit, par exemple en faisant la file ou papotant, "car ils constituent ainsi un préjudice financier pour les actionnaires de Streeteo qui paient assez cher pour la jouissance des places d’arrêt".

Des caméras seront installées dans toutes les rues de Wavre, avec logiciel de reconnaissance de visage, aux frais de la Ville ("ce qui est la moindre des choses", explique l’avocat de Streeteo, "ce sont quand même les Wavriens qui occupent notre concession"), afin d’enregistrer les incivilités. Par exemple, une discussion statique de plus de 15 minutes au même endroit, ou des personnes qui, feignent de faire la file devant un magasin pour consulter leur smartphone ou simuler un dialogue avec les autre inciviques de la file.

"Nous préconisons une vision du monde moderne", explique la responsable de la communication de Streeteo. "Un monde en mouvement, un monde où l’on travaille, un monde où l’on se déplace. Si l’on est rétrograde et qu’on préfère fainéanter, il est logique que l’on paie pour s’arrêter. D’ailleurs, nous comptons installer des horodateurs près des terrasses des bars, cafés et restaurants. Vous aurez ainsi le droit de vous y asseoir vingt minutes mais vous devrez ensuite renouveler le ticket. Une décision bénéfique pour la santé puisqu’elle obligera les personnes à bouger entre deux verres ou deux bouchées".

Tout cela sous la surveillance des caméras installées partout dans Wavre, qui ont déjà permis de rassembler les preuves de nombreuses incivilités, comme des crottes de chien en-dehors du caniveau ou des appels à redevance Streeteo abandonnés rageusement sur le trottoir.

Les informations de cette rubrique ne sont pas à prendre au sérieux en ce qui concerne la forme. Si l’humour et la dérision permettent du recul, elles n’en demeurent pas moins des sujets de réflexion à ne pas réduire à un sourire ou un éclat de rire. Votre rôle sera de séparer le vrai du faux.

Le PV sur le vélo était bien évidemment un canular, lui aussi. Euh, enfin, on ne peut que l’espérer. Finalement, j’ai un doute affreux...

Par A. P. Rilfool

Ce journaliste globe-trotter s’est lancé dans un tour de la planète commençant aux alentours de Wavre, se risquant au péril de sa vie dans les communes limitrophes. Maca de souche, il en a conservé le ton espiègle et impertinent, que l’on peut régulièrement retrouver dans les célèbres magazines internationaux "Bonsoir Wavre" et "Désinfo Wavre", pour ne citer qu’eux.