Depuis la privatisation du parking, cédé à la société Streeteo, les abus de ses agents ne cessent d’être dénoncés. Parmi leurs victimes, le personnel médical et paramédical commence à en avoir assez. Au point de songer à ne plus venir soigner de patients dans le centre-ville. Et que fait Wavre pour éviter ce phénomène inquiétant ? Devinez...

Les plaintes sur les réseaux asociaux sont récurrentes contre certains comportements des agents de Streeteo. Notamment, lorsqu’ils verbalisent systématiquement les erreurs d’encodage des plaques minéralogiques dues à des écrans peu lisibles en plein jour et à une ergonomie antédiluvienne, et ce malgré la présence derrière le pare-brise d’un ticket mentionnant un délai de stationnement valide.
Ou encore lorsque les personnes se rendent à l’horodateur et ont la surprise, en revenant poser leur ticket, de se voir déjà verbalisés en quelques dizaines de secondes. Pour parodier Lucky Luke, je dirais que les agents de Streeteo tirent plus vite que leur ombre.

Ces plaintes ouvertement exprimées sur les réseaux asociaux ne sont que le sommet d’un iceberg de mécontentements silencieux. Inlassablement, elles reviennent ad nauseam pour témoigner de la manière dont ces agents, par ce type d’abus, pourrissent la vie des Wavriens, de leurs visiteurs, des commerçants, de leurs clients, des chalands... et des débats sur les réseaux asociaux, au grand désespoir d’Olivier Mercier, le modérateur.
Ce comportement, inévitablement, amène à la suspicion, qu’elle soit justifiée ou non, d’une obligation d’abattage imposée à ses agents par Streeteo.
(Pour les personnes chastes qui ne connaîtraient pas l’expression, je précise que le terme "abattage" est utilisé pour qualifier l’obligation par des prostituées de multiplier les passes pour rapporter un maximum d’argent aux proxénètes.).
L’image est outrancière, mais elle a le mérite d’être claire à comprendre. Streeteo agit exactement comme s’il multipliait les amendes indues en misant sur le fait que la majorité des personnes ne perdront pas leur temps en se rendant au bureau de la société pour les contester. Or, c’est la solution qui leur est proposée par les agents, soi-disant pour éviter un double rôle pour ceux-ci. Comme s’il était impossible de mettre en place une procédure simple pour que ces agents puissent annuler immédiatement une amende erronée ! On a du mal à le croire.
Un terme manque, je pense, dans les valeurs d’entreprise de Streeteo, c’est le mot "éthique".

Rappelons que tout le monde n’a pas un GSM permettant d’utiliser une application de parking qui, de plus, surfacturée des frais de transaction par période de stationnement, ni les moyens de se payer un abonnement à 1200 €. Et, si l’on pourrait évoquer la solution du vélo, certaines professions impliquent de se déplacer en voiture, par exemple lorsqu’il y a du matériel à transporter.

Par rapport à ce comportement de verbalisation à la hussarde des agents de Streeteo, est apparue récemment une plainte inquiétante d’un membre du personnel soignant, dont le rôle de soignant était clairement indiqué sur le véhicule par une croix rouge sur le pare-brise, qui avait posé un disque de stationnement derrière celui-ci et une carte confirmant sa profession, et qui a malgré tout reçu un délicat “bon de redevance” à payer. Pourquoi est-ce "inquiétant" ? Parce qu’un phénomène commence à poindre : le choix évoqué par lui et confirmé par d’autres d’arrêter les prises en charge dans le centre, ce qui laisserait aux patients la tâche de trouver un autre professionnel de la santé pour les soigner. Autant dire que, lorsqu’on est souffrant, on a d’autres priorités.

Témoignage du kiné victime de Streeteo sur Facebook

Alors que Streeteo a fait un effort en France en offrant la gratuité du parking au personnel soignant durant le confinement, la Ville de Wavre rejette l’idée d’une intervention auprès de cette société pour trouver une solution afin que les membres du personnel médical et paramédical qui interviennent à domicile puissent effectuer leur travail sans cette épée de Damoclès qui leur pend au-dessus de la tête. En effectuant leur rôle de soignant, ils risquent à tout moment de devoir payer une amende pour stationner supérieure à leur salaire pour leur prestation.

Le personnel médical et paramédical a été applaudi en 2020 pour son courage et son abnégation. On ne peut pas dire que la Ville de Wavre leur en soit reconnaissante.

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Texte de mon intervention lors du conseil communal du 23 novembre 2021.

Par Patrick Pinchart

Patrick Pinchart a travaillé toute sa vie dans la communication. Animateur à la RTBF, rédacteur en chef de Spirou à deux reprises, éditeur de bande dessinée, agent pour auteurs (BD, littérature...), correcteur, éditorialiste polémiste, il a de multiples autres collaborations : militant pour Amnesty International, Ecolo, Greenpeace, le WWF. Entre autres... Il s’exprime ici en son nom propre et en aucun cas au nom de ces différentes organisations. Il est également brasseur, fondateur de la brasserie HOPposition.