On le sait, le futur stade national de hockey sera construit en zone inondable. Mais, si elle n’a pas de pétrole, la Ville de Wavre a des idées. Nous avons rencontré le dynamique échevin en charge du projet, qui souhaite rester anonyme, pour nous expliquer son projet de... stade lacustre.

APR : Quelle est l’origine de ce projet ?
— C’est lors d’un voyage à Venise, en préparation de la journée de l’abeille, que j’ai eu le déclic. Cette ville est construite sur des millions de pieux enfoncés dans le sol de la lagune. Nous allons nous inspirer de cette technique de fondations pour créer, après "Bruges la Venise du Nord", "Wavre la Venise du BW", et construire un stade lacustre sur pilotis.

APR : Pour construire Venise, on a rasé des milliers d’hectares de forêts. Où allez-vous trouver le bois ?
— Nous avons encore quelques réserves d’arbres pour réaliser ces pilotis : ceux du bois de Beumont nous seront bientôt livrés suite au développement du lotissement Matexi au champ Ste Anne ; récupérer ceux de la dernière zone de nature du centre-ville nous donnera plein de bois lorsque le projet "Rive verte" verra le jour, d’ici une cinquantaine d’années ; et nous ne désespérons pas de récupérer en catimini les châtaigners de la future clinique de Wavre.

APR : Cela ne vous gêne pas de raser ce qu’il reste comme arbres à Wavre ?
— Je raisonne en libéral. Les arbres, cela ne paie pas d’impôt. Ce sont des non contribuables. Ils n’aident en rien à renflouer les caisses de la Ville après le gouffre de la Sucrerie. Ils sont des obstacles aux nombreux projets encore à réaliser par nos amis Matexi, Thomas Piron et autres. J’en profite pour signaler que nous les soutenons depuis longtemps. De 1986 à 2015, nous avions déjà réussi à remplacer 20% des zones de nature en merveilleux zonings et lotissements.

APR : Avez-vous pensé aux conséquences des dérèglements climatiques, inondations et canicules de ces abattages ?
— N’exagérons pas. Supprimer ces arbres va simplement terminer la minéralisation des sols que nous effectuons patiemment mais sûrement depuis un demi-siècle, rien de plus.

APR : Mais les arbres limitent le ruissellement des eaux de pluies et le risque d’inondations...
— C’est pourquoi nous allons compenser d’une manière géniale l’impact écologique en organisant une deuxième journée annuelle de l’abeille.

APR : Comment comptez-vous financer ce stade sur pilotis ?
— Ah ! Ah ! Ah ! Vous avez de l’humour... Passons à une autre question.

APR : Avec plaisir, avez-vous assez d’argent dans la caisse de la Ville pour payer cette construction ?
— Euh... Depuis l’emprunt pour la Sucrerie, plus vraiment. Mais nous avons des idées. Nous prévoyons des taxes originales. Nous allons imposer l’achat d’une vignette automobile pour utiliser le double sens de la rue du Pont du Christ. Les touristes qui souhaitent caresser les fesses du Maca devront s’acquitter d’une redevance. Et lors des prochaines inondations, nous organiserons des visites payantes du stade en gondole. Vous voyez, les leviers sont multiples. Mais qu’on ne vienne pas nous accuser de rage taxatoire : il est, par exemple, hors de question de taxer les tartes au stofé.

APR : Si les joueurs pourront s’affronter sur un stade en pilotis malgré les inondations, qu’en sera-t-il des spectateurs ?
— C’est là que les nouvelles technologies interviennent. Vous le savez, nous avons eu l’idée de faire appel au crowdfunding pour réparer la Basilique Notre-Dame de Basse-Wavre, que nous avons laissé se dégrader depuis des décennies. Eh bien, nous inventons un concept plus moderne encore, le "crowdgonfling" : "gonfler par la foule". Les spectateurs seront assis sur un énorme siège gonflable. A chaque siège, sera accroché un tuyau désinfecté relié à celui-ci. Durant le match, les spectateurs devront souffler pour gonfler le support, sinon ils... tomberont dans l’eau, comme dans Intervilles, vous voyez que j’ai des références culturelles !

APR : C’est rassurant. Je vous remercie pour ces scoops que nos lecteurs apprécieront.

Par A. P. Rilfool

Ce journaliste globe-trotter s’est lancé dans un tour de la planète commençant aux alentours de Wavre, se risquant au péril de sa vie dans les communes limitrophes. Maca de souche, il en a conservé le ton espiègle et impertinent, que l’on peut régulièrement retrouver dans les célèbres magazines internationaux "Bonsoir Wavre" et "Désinfo Wavre", pour ne citer qu’eux.