Lituanie, Vilnius, ce matin du 22 mars 2016. Dans l’imprimerie où je suis en trainde contrôler l’un des cahiers d’un livre à paraître prochainement, un SMS. “Il y a eu une explosion à Zaventem”. J’ouvre immédiatement l’application du quotidien de mon smartphone et je me connecte au fil d’infos. Qui commence à égrener les chiffres de l’horreur. Les épouvantables chiffres de l’horreur.

On a massacré par attentat-suicide à l’aéroport de Zaventem.
On a massacré par attentat-suicide à a station de métro Maelbeek.

L’aéroport de Zaventem, j’y étais, la veille, exactement au même endroit, dans le hall d’accueil de Brussels Airlines. A l’heure de l’attentat.

Je contacte ma famille. Ma fille circule en métro, matin et soir. Elle emprunte cette ligne qui passe par la station Maalbeek. Mon fils devait procéder à une installation pour un événement... à l’aéroport de Zaventem.

Ils vont bien.

Impossible de prendre des nouvelles, par contre, de nos amis qui vivent à Bruxelles, de ces connaissances qui y travaillent, de tous ces gens qui font partie de mon équipe des éditions Sandawe et qui sont dans mon cas. Inquiets pour leur famille, leurs amis, leurs connaissances. Ou qui font peut-être même partie des victimes.

Je suis un Belge moyen. Et donc, comme tous les autres citoyens européens, cible potentielle de ces pervers psychopathes décérébrés dont les actes sont une insulte aux valeurs fondamentales des textes anciens au nom desquels ils commettent leurs actes insensés. Tellement stupides qu’ils imaginent que massacrer des gens les amènera dans un paradis qu’ils ont tant fantasmé qu’ils en ont perdu tout contact avec les réelles valeurs. Les valeurs humaines, fondamentales, dont celle, universelle, du respect de la Vie, supérieure à toutes les croyances et toutes les religions... et qui est leur fondement même.

Je connais Bruxelles. Je connais les Bruxellois. Ils en ont vu d’autres. Ils sont déterminés. Ils résisteront face à la bêtise criminelle de ces malades mentaux. Malgré la peur, malgré la tristesse, malgré la colère.

Je pense, comme tout le monde, à tous ceux qui ont été touchés par les tragiques événements de ce 22 mars.

A 2000 km de la Belgique la musique de “Bruxelles, ma belle”, de Dick Annegarn, me trotte dans la tête depuis ce matin.

“Bruxelles, attends-moi, j’arrive.”

Par Patrick Pinchart

Patrick Pinchart a travaillé toute sa vie dans la communication. Animateur à la RTBF, rédacteur en chef de Spirou à deux reprises, éditeur de bande dessinée, agent pour auteurs (BD, littérature...), correcteur, éditorialiste polémiste, il a de multiples autres collaborations : militant pour Amnesty International, Ecolo, Greenpeace, le WWF. Entre autres... Il s’exprime ici en son nom propre et en aucun cas au nom de ces différentes organisations. Il est également brasseur, fondateur de la brasserie HOPposition.